L'orgue Hammond à roues phoniques avec Thierry Smets

Harmonie

Pourquoi les gammes? A quoi servent-elles dans la « pédagogie » du Jazz?

D’abord, elles servent à travailler la technique d’un instrument : gammes et arpèges...

Dans le Jazz, on associe un accord et une gamme type comme manière de penser pour apprendre à improviser ou jouer des accords avec leurs tensions ( 9e, 11e, 13e ) lesquelles sont considérées en séquence à côté des notes de l’infrastructure de chaque accord... On obtient ainsi une gamme formée des notes de l’accord et des tensions diatoniques de celui-ci. Diatonique signifie à distance de ton et chromatique à distance de demi-ton... Evidemment, un ton plus une octave de la fondamentale,  c’est la 9e ; idem pour la 3ce, c’est la 11e et pour la 5te, c’est la 13e. En fait, cette approche met en évidence les 7 notes qui  sont les plus en dedans de l’accord. Il en reste 5 dont 3 tensions dites chromatiques (pour un accord dominant: b9, #9 et b13). Ce qui donne pour C7 : réb, ré# et lab… Il en reste deux autres qui sont considérées  comme les notes les plus en dehors de l’accord...

On peut également penser par superposition d’accords... Exemple: sur CM7 ou C7, vous superposez  D (ré, fa#, la) vous obtenez les tensions diatoniques 9e, #11e et 13e. Si, on joue CM7 et D en mettant les notes en séquence (l’accord D « à l’intérieur » de l’accord CM7), on obtient une gamme, un mode : pour CM7, ce sera le Lydien et pour C7, ce sera le Lydien b7... De même, sur Dm7, on superpose Em et on obtient les 9e, 11e et 13e ; on met les 7 notes en séquence et c’est le mode Dorien.

Pour obtenir les tensions diatoniques, c’est très simple :

Sur un accord majeur, c’est à dire qui comporte une 3ce majeure (exemple: C7 ou CM7), on superpose l’accord majeur un ton plus haut que la fondamentale (dans cet exemple : D). Sur un accord mineur, c’est à dire qui comporte une 3ce mineure (exemple: Cm7), on superpose l’accord mineur un ton plus haut que la fondamentale (dans cet exemple: Dm).

Un peu plus compliqué:

Dans un enchainement V – I  par exemple: C7 – FM7, vous superposez respectivement à C7 : D et à FM7 : G, vous créez dans la superstructure un autre rapport tonal V – I  qui est D – G. C’est la forme la plus élémentaire de polytonalité, ce qui est très employé dans le Jazz entre autres... Il y a beaucoup d’autres exemples que l’on peut mettre en évidence...

Bien sûr, ce sont des manières de penser ou d’enseigner mais en aucun cas, cela sert de finalité pour jouer. Il n’y a rien de pire qu’écouter un pianiste de Jazz et constater qu’il a appris les gammes et que « ça s’entend ». La créativité doit être au delà de tout moyen didactique mais on peut enseigner diverses approches qui  sont des pistes à exploiter et  qui peuvent aider ceux chez qui ce n’est pas inné (la plupart des candidats…). Autrement dit, si on oppose pas totalement la pédagogie et la créativité, on peut expliquer que si on joue un accord de telle façon, on obtient tel effet ou si vous pensez à vous appuyer rythmiquement sur les notes de telle gamme, vous aurez un tel résultat sonore... Cela permet en général de gagner une vingtaine d’années par rapport à ceux qui ne passent pas par un minimum de « théorie ». Mais jusque là, il n’y a pas encore de musique...Il faut pratiquer un minimum de 8 heures par jour... ;-)).